Vingt quatre ans après les faits, la justice française examine ce mercredi la réouverture de l'enquête sur l'assassinat du petit Grégory Villemin en 1984, l'une des plus grandes énigmes criminelles de l'après-guerre en France.
Le parquet a requis en juillet la réouverture de l'instruction judiciaire, estimant que les récents progrès de la science pourraient aider à confondre le ou les assassins de ce petit garçon de 4 ans, retrouvé mort dans une rivière de l'est de la France en octobre 1984.
"Nous avons conscience qu'il s'agit là de la démarche de la dernière chance" a déclaré à l'AFP Me Thierry Moser, avocat des parents de Grégory, Christine et Jean-Marie Villemin. "Depuis quinze ans et le non-lieu de Mme Villemin, les parents de Grégory veulent la pleine et entière vérité", a ajouté l'avocat.
Le corps du petit garçon avait été retrouvé le 16 octobre 1984, ligoté, dans la rivière Vologne. C'est le point de départ d'un fait divers qui a déchaîné les passions et tenu la France en haleine pendant des années, entraînant un examen de conscience pour la justice mais aussi pour les médias, très critiqués pour leurs méthodes et le non-respect de la présomption d'innocence.
La justice n'a jamais pu identifier l'assassin, ni un mystérieux corbeau qui avait envoyé des lettres menaçantes à Christine et Jean-Marie Villemin, jeune couple apparemment sans histoire qui menait une existence paisible dans la vallée froide et encaissée de la Vologne.
Un mois après le meurtre, le cousin de Jean-Marie Villemin avait été inculpé et incarcéré. Relâché en 1985, tout en restant inculpé, il est tué la même année par le père du petit garçon.
Quelques mois après, la mère de Gregory, Christine, est inculpée pour l'assassinat de son fils. Elle sera blanchie par la justice huit ans plus tard.
L'instruction a été close en 2001, après des analyses génétiques, notamment sur un demi-timbre apposé sur une enveloppe expédiée en 1983 par le "corbeau".
"Cela n'avait rien donné. Mais en huit ans la science a fait des progrès", affirme Me Moser sur la foi d'un rapport du directeur de l'Institut de police scientifique de Lausanne, qu'il a sollicité au printemps 2007. "Aujourd'hui, vu les progrès récents de la science notamment dans le domaine génétique, il est possible de trouver des traces ADN sur ces scellés" constitués en 1984, comme une seringue, des cordelettes, des vêtements, des enveloppes et lettres du corbeau, et le demi-timbre encore apparent.
La chambre d'instruction de la Cour d'appel de Dijon (centre-est), qui se réunit à huis-clos mercredi, pourra rendre sa décision dans la journée ou se donner un peu de temps de réflexion.
AFP
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